Adelin Schweitzer propose à son public un dispositif de redécouverte de la ville : l’utilisateur aborde la réalité qui l’entoure selon une modification de ses perceptions visuelles et sonores.

Le visiteur se munit d’un équipement technologique complexe : casque perturbant sa vue et son ouïe, ordinateur portable au dos, caméras et micros fixés sur une paire de lunettes. Le matériel est programmé pour saisir l’environnement perçu en trois dimensions et en temps réel ; l’ordinateur retravaille les données en fonction des informations qu’elles contiennent (luminosité, mouvements, bruits, etc…) et les renvoit sous forme de « flux augmenté » dans le casque : le visiteur voit et entend la ville, le quartier, la rue, sans décalage temporel, mais de manière agrémentée, d’effets sonores, visuels, d’objets virtuels.

Référant aux concepts deleuziens de « territorialisation » et de « déterritorialisation », Adelin Schweitzer propose une machine à déterritorialiser l’individu : au quotidien, la ville territorialise l’individu, lui imposant un usage contraignant de son espace. Une expérience de déterritorialisation détourne l’environnement urbain de son usage habituel, interroge le cadre de vie, pour le rendre potentiellement libre de la contrainte ; l’individu déterritorialisé se vivrait du même coup désaliéné. L’augmentation de la réalité, expérimentée en contexte urbain, permettrait à l’utilisateur du dispositif d’Adelin Schweitzer de s’affranchir du territoire, en se libérant des contraintes imposées par ses sens au réel.

Le dispositif a une double vocation : l’expérience artistique et la collecte de données pour une activité de recherche. Augmented Reality est testée dans plusieurs zones urbaines : filtres et effets d’augmentation permettent de réaliser des expériences comparatives de territoires, de mettre en valeur les singularités et les points communs de villes comme Marseille, Paris, Liverpool. Et, peut-être, d’en tirer des conclusions, sur des thématiques comme les friches urbaines, les villes-marge, les villes globalisées. 

Date(s) : 2010

Lieux :
Paris